dimanche 31 mai 2015

60 # Goniomètres et Magnétocalorisme


Les physiciens s’intéressent de près aux matériaux présentant un fort effet magnétocalorique. De même qu’un gaz s’échauffe lorsqu’il est comprimé et se refroidit lorsqu’il se détend, un matériau magnétocalorique s’échauffe lorsqu’on l’aimante en appliquant un champ magnétique et se refroidit en se désaimantant.

Goniomètre six axes sous ultravide chauffant et refroidissant 
pour l’étude de l’interaction entre des ions multichargés 
et des surfaces magnétiques. D. R.

Ce phénomène est la base d’une nouvelle technique de réfrigération, la réfrigération magnétique, énergétiquement plus efficace que la compression/expansion de gaz communément utilisée, tout en respectant l’environnement. Toutefois, dans les matériaux fortement magnétocaloriques actuellement connus, cette propriété est due à un changement de structure cristalline qui s’accompagne d’une forte hystérésis, c’est-à-dire un retard à l’aimantation et à la désaimantation lorsque l’on change le champ magnétique. Cette source d’irréversibilité dans le cycle thermique interdit toute utilisation pour la réfrigération. En bombardant des couches minces d’arséniure de manganèse avec des ions multichargés de faible énergie, des physiciens de l’INSP ont induit des défauts facilitant les transitions de structure. Ils ont ainsi éliminé l’hystérésis thermique de ce matériau tout en conservant ses propriétés magnétocaloriques, en particulier son pouvoir réfrigérant. Cette nouvelle méthode ouvre des perspectives intéressantes dans l’application de l’effet magnétocalorique comme technique alternative de réfrigération.


59 # Song "SONG FOR H"


tu te promènes / au fil de l'eau
Jerusalem / enfants de salauds
tu goûtes aux choses / d'arrière-pays
qui ont un ar / rière-goût de vie

tu te promènes / à Syracuse
entre les je t'aime / je t'accuse
tu te ballades / comme un pendule
attaché en / tre un préambule

tu déambules / comme un poisson
tu sillonnes même / tous les bas-fonds
tu ondules pire / qu'anguille-de-mer
faut dire qu'c'est sa / lé sur la terre

puis tu contournes / tous les obstacles
comment tu fais / c'est un miracle
le monde est un / piège sur mesure
chacun le sien / c'est bien plus sûr

Il n'est de rivière sans pays / tout est poussière si c'n'est la vie
C'est vrai d'hier comme d'aujourd'hui / seul valent l'amour et les amis

mais toi tu files / et n'reviens pas
t'as appris ça / d'une paire de bas
je loue ta grâce / et ton aisance
faux-air de glace / vrai pas de danse

toujours continuer / ton chemin
cette route aux a / llures de destin
ce rêve éveillé / qui te berce
toi plus belle qu'une / reine de Perse

sujette d'un sort / toujours plus beau
autour de toi / le monde a chaud
tu accumules / tous les succès
et sur la mule / montes qui te plaît

déesse aux sur / prenants atours
faite pour l'art / comme pour l'amour
cache une guerrière / infidèle
comme un papillon / à deux ailes

plus évidente / que le soleil
et plus ardente / astre vermeil
a-t-on jamais / vu plus belle chose
qu'une femme à l'â / me d'une rose

Il n'est de rivière sans pays / même la vie, tout est poussière
Ni désolant non plus qu'amer / rien n'vaut le vent, si c'n'est la pluie






tu te promènes / au fil de l'eau
comme un poème / d'arthur Rimbaud
j'ai peine à croire / que tu existes
mais je suis dé / jà sur ta piste



58 # Song "DAME DE LUNE"


Une dame de pluie et de lune
Vint me confier à l'oreille
Que le pire n'est pas sûr
Et que semblable est pareil

Et cette fée non-invitée
S'invita par tant de caresses
Que je n'aurais pu résister
Devant si blanches fesses

Mais tout en badinant, la dame parlait
Me pressant de fuir à jamais
Car il y aurait bientôt, dit-telle
Une pénurie d'amour universelle

Alors je dus la repousser
Rompre le charme de sa beauté
Le jour se levait bleu azur
En l'effaçant d'éclats d'armure



57 # Song "DÉESSE KALI"


J'ai décroché un nouveau job
Un taf pour moi de première bourre
Je porte un short, une canne, un bob
J'suis prof de golf à Pearl Harbor

Et j'me ballade en décapote
Toujours en quête d'Ô potables
J'ai des billets de toutes les sortes
Et plein de poudres sur les tables

Je kiffe trop tous les trous qui passent
Sur gazon comme sur le sable
J'ai même des clientes salaces
Que je drive au fond d'une étable

Faut les voir les quat'fers en l'air
Chuintant l'prénom d'Eisenhower
Des fois j'voudrais me foutre en l'air
N'allez surtout pas croire qu'j'ai peur

Je suis l'apôtre de ces dames
Je suis le seul clou du spectacle
Et lorsqu'elles ont des têtes infâmes
Je change en victoire mes débâcles

Je sonne les bourges qui s'encroûtent
J'réveille ces vieilles que tous enterrent
J'répands d'la joie autour de moi
Et tant pis si ça flingue le foie

C'est la beauté de l'ère moderne
La victoire des démocraties
La dope, la mort, la haine
On en fait des vertus d'la vie

Allez, salut

(à samedi)

jeudi 14 mai 2015

56 # (É)MOUVANTS ICEBERGS


En surface les vagues culminent à 35m, mais sous mer elles atteindraient des sommets de 500m 

 
A la surface de la Terre, les plus grosses vagues recensées mesuraient autour de 35 mètres. La plus haute jamais surfée, au Portugal, atteignait 24 mètres de haut. Rien à voir avec celles qui se forment  dans les profondeurs de l'océan, puisque sous l'eau, les vagues les plus puissantes pourraient atteindre... 500 mètres de haut. C'est ce qu'a mis au jour une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui a observé des vagues sous-marines de plus de 500 mètres de haut donc, en mer de Chine. Elles sont tellement puissantes qu'elles influent sur la vie de la planète.
Ces vagues "internes", présentes dans toutes les mers du globe et parfois photographiées par la NASA depuis l'espace, joueraient un rôle dans le mélange des eaux océaniques et la température des océans, affirment les auteurs du rapport publié à la fin du mois d'avril dans la revue Nature. Pour les mesurer, ils ont attaché au fond de la mer de Chine, là où ces vagues sont les plus puissantes, des instruments le long de câbles de trois kilomètres placés au fond des océans.
D'après leurs observations, menées depuis une dizaine d'années, leurs courants affecteraient toute la vie des océans. Ils influeraient notamment sur la dispersion de nutriments pour la photosynthèse, le déplacement de la pollution présente dans l'eau ou encore des ondes sonores. Ces vagues géantes menaceraient également les structures construites par l'homme, comme les pipelines ou les plates-formes pétrolières.
"Générées par le vent et les marées, les vagues internes peuvent parcourir des milliers de kilomètres avant de se casser" explique le rapport. Les vagues, qui se déplacent à très faible vitesse, deviennent de plus en plus grosses au fur et à mesure qu'elles se propagent.
Justine FAURE - MyTF1news




55 # SIMPLE HOMMAGE EN-DEHORS DU TEMPS


au commandant Cousteau, un grand français s'il en fut qui n'aura jamais été, au grand dam de tout un empire, musulman. Car à moi également, des bouches amènes mais aux dents longues comme le pont de la rivière Kwaï ont voulu chanter la chanson du partage des eaux chère aux faux-prophètes et aux simples menteurs : sa famille a répondu et la réponse est hébergée par un site qui s'occupe en profondeur des affaires de l'Islam. 
C'est bien la moindre des choses.

Merci, Jacques-Yves Cousteau




mercredi 13 mai 2015

lundi 11 mai 2015

52 # LA NASA MISE TOUT SUR LE POISSON




" C'est l'un des projets étonnants que la Nasa va financer cette année dans le cadre de ses subventions aux "concepts innovants avancés" dans le domaine de l'exploration spatiale.


Après Mars, Pluton et Cérès, les destinations probables des futures générations de sondes-robots devraient avoir un élément en commun : posséder un océan. Vu que la vie terrestre s'est d'abord développée dans l'eau, les milieux aquatiques extraterrestres seraient en toute logique un bon endroit pour chercher des traces d'activité biologique. Pas question pourtant d'envoyer l'équivalent des robots martiens Curiosity ou Opportunity : rouler sur une surface glacée ne suffirait pas. Pour chercher les organismes vivants, il faudra que les futures sondes soient capables de se mouiller...

Biomimétisme et énergies renouvelables : la sonde écolo ?

La Nasa, qui a souvent le don de dénicher les projets futuristes qui pourraient avoir de l'avenir, vient de trouver une petite pépite dans le genre : une sonde-robot qui ressemble à un calmar, et dont le fonctionnement s'inspire du vivant (biomimétisme).
Le concept, emmené par Mason Peck, professeur à l'université Cornell (USA), consiste en une sonde amphibie, capable donc de se déplacer à la fois sur une surface solide et dans l'eau. Comme il est hors de question de l'alimenter par des batteries, susceptibles de s'épuiser rapidement, ou par des panneaux solaires inefficaces pour un sous-marin, ce "calmar cyborg" ferait appel à une source d'énergie originale : il serait muni d'un câble conducteur qui récolterait l'énergie electro-magnétique émise... par les changements dans le champ magnétique de la planète (ou lune).
Un fil conducteur se déplaçant dans un champ magnétique va en effet recevoir un courant induit, et un système de récupération de cette énergie a déjà été testé en orbite terrestre. Or, autour de Jupiter, par exemple, le champ magnétique peut être 10.000 fois supérieur à celui que l'on enregistre sur Terre. De quoi suffire aux besoins du "calmar".
Cette électricité alimenterait les divers systèmes de bord, mais aussi une mini-usine d'électrolyse, transformant l'eau en un mélange d'hydrogène et d'oxygène. Ces gaz, récupérés à l'intérieur de la sonde, pourraient alors être utilisés pour des systèmes pneumatiques animant certaines parties de l'engin. Ils pourraient également être enflammés dans des réservoirs internes, provoquant des modifications de la forme du robot... et le propulsant dans l'eau, en utilisant un système proche de celui de certains céphalopodes (comme les pieuvres) qui expulsent le liquide en contractant les muscles de leur manteau.
La peau de cette "bio-sonde" aurait aussi des propriétés inspirées du vivant : elle serait extensible, et même électroluminescente afin d'éclairer le milieu marin traversé. De quoi faire de beaux selfies sous-marins.

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Chercher la vie autour de Jupiter et Saturne

Pourquoi se focaliser ainsi sur les océans lointains ? Les dernières découvertes en date montrent que les lunes des géantes gazeuses Jupiter et Saturne pourraient avoir davantage de chances d'héberger une vie extraterrestre que la planète Mars, et ce même si elles se situent théoriquement en-dehors de la "zone habitable" ou l'eau peut exister à l'état liquide en surface.
L'effet de marée exercé par les planètes géantes a pour conséquence un réchauffement intérieur de leurs lunes. Celles-ci peuvent donc avoir une activité volcanique, comme Io, le satellite de Jupiter. Mieux encore, trois de ces lunes attirent plus particulièrement l'attention par la présence d'étendues aquatiques sous leur surface, et des conditions qui pourraient être compatibles avec l'apparition de formes de vie similaires à celles que l'on connaît dans certains endroits de la Terre.
  • En première position, Europe. La lune de Jupiter est une cible annoncée, au moins pour les agences spatiales européenne et américaine. De la taille de notre Lune, elle posséderait davantage d'eau salée qu'il y en a à la surface de la Terre, et aurait également une activité géologique. Certains indices laissent penser qu'il y a de la vie, et certains chercheurs n'hésitent pas à théoriser qu'on pourrait y trouver des espèces de gros poissons !
  • Toujours autour de Jupiter, la plus grosse lune du système solaire, Ganymède, posséderait également un imposant océan d'eau salée.
  • Autour de Saturne, on pense bien entendu à Titan et ses mers de méthane, mais une autre lune a récemment retenu l'attention des scientifiques : Encelade et son océan de dix kilomètres de profondeur, associé à une activité géothermique.

Une subvention de 100.000 dollars

Chaque année, au travers de son programme NIAC (Nasa's Innovative Advanced Concepts), la Nasa subventionne des projets innovants, parfois futuristes ou même surprenants, mais qui pourraient demain permettre de faire avancer l'exploration spatiale. C'est dans ce cadre que s'était récemment distingué une étude de sous-marin destiné à explorer les mers de méthane de Titan.
Pour 2015, 15 projets viennent d'être sélectionnés pour la phase 1 de ce programme, dont celui de "robot-calmar", et vont donc recevoir une subvention de 100.000 dollars afin de poursuivre le développement de leurs concepts... et peut-être ensuite postuler à la phase 2 pour financer la suite avec cette fois un budget de 500.000 dollars. Bien sûr, ce projet n'est pas pour tout de suite. Mais, sait-on jamais, la Nasa pourrait envoyer une mission vers Europe à partir du milieu des années 2020. Avec un calmar-robot à bord ?

jeudi 30 avril 2015

49 # POISSON-FEUILLETON # Sur le talus continental / P=280bars


6 mai 2015

Par près de 3000 yards sous le niveau de la mer, au cœur même de l'aire bathypélagique qui voit la lutte incessante du calmar géant contre le cachalot, véritable maître des lieux, dans l'iridescence fluctuante d'une neige sous-marine devenue par la vertu des hommes multicolore et agrégante, je décide de sortir de l'infernal circuit dans lequel le poisson, dés qu'il eut compris,  m'entraîna. J'ai quelques vérifications à effectuer en milieu sec si je veux pouvoir continuer à tracer mon sillon dans les profondeurs des hautes-pressions, et pour ce faire je n'ai qu'une solution : une halte à la grotte de Sion qui doit son existence à mon technologique savoir-faire lui-même motivé il y a déjà de longues années par les besoins de ma première chasse en quête du magnétique poisson. Mais je ne devrais pas cette fois rencontrer de problème énergétique paralysant : j'ai appris depuis à thésauriser l'énergie des courants qui m'environnent, et je n'éclaire plus à cette profondeur, sur relief doux, que par flashs stroboscopiques espacés de vingt secondes qui occasionnent eux-mêmes le photo-shoot en rafale d'une batterie d'appareils dont je visionne les clichés en temps réel. C'est très au point.

"Si vous voulez repousser la mer, n'agissez pas sur l'eau. Prenez appui sur le sel." C'est ce qu'avait bien dû nous répéter vingt fois notre professeur d'histoire, étonnament, lors de cette première année universitaire, comme baptisant là sous le couvert d'une référence à l'antiquité notre ignorance crasse, deséspérément indécrottable. Car sans jamais, jamais, pas une seule fois daigner nous octroyer le semblant d'une miette d'explication ni même nommer sa source : rien, nada, allez vous faire voir. Aussi avais-je tout misé sur les sciences. Mais cet historien du manuel, ce fin stratège frustré, cette sorte de petit soldat de plomb avait néanmoins placé en moi au bon endroit, quoiqu'à son insu tout comme au mien, le germe d'une idée qui allait me profiter au-delà de tout espoir et m'allouer pour finir de prodigieux pouvoirs.

Car je n'étais pas encore, à l'orée de ce premier grand départ à la poursuite du poisson magnétique, au mieux de mes informations ni de mes compétences, je n'allais pas tarder à m'en apercevoir. et tout particulièrement pour ce qui concernait ce que j'appellerai faute de mieux sa signature : cette capacité de glissement inter-dimensionnel dont il est encore aujourd'hui si friand, cette faculté d'immédiate et spontanée disparition qui n'en est pas une, mais simple reformulation moléculaire instantanée de tout son être, cette façon toute particulière qu'il a de filer, de mettre les bouts, de prendre la tangente à proprement parler puisque c'est précisément au point de friction des axes du réel qui ne sont pas trois, ou quatre avec le temps, mais légion, qu'il oscille soudain pour choisir à coup sûr le côté sans pêcheur, ce trait-de-caractère, pour conclure, qui lui va si bien mais dont je crains qu'il détienne à jamais, pour des raisons techniques, l'étrange monopole. Quoiqu'il en soit, lui, à l'époque de cette première chasse et à l'heure d'initier un vain cycle de plaisantes escarmouches, distrait et peut-être même amoureux, en usait de façon bien moins que raisonnable. Mais qu'importe après tout, puisque ses atouts auraient finalement le pouvoir, spectaculaire ô combien, de révéler les miens. Qu'importe après tout, puisque sa grandeur allait bientôt m'absoudre de ma petitesse.

Mais j'étais encore loin d'en être persuadé, ce 20 janvier par trois mille mètres sous la surface des eaux marines, lorsque pour la toute première fois le poisson que j'avais pisté sur plus de six cent kilomètres disparut de mes écrans-radar et de tous les autres également : il avait brutalement rippé en me plantant là au fond d'une morne fosse, me laissant un rien Napoléon et contraint par l'ignorance d'y rester pendant de longs jours à tourner, tourner, tourner encore pour l'y chercher tandis qu'il se pavanait probablement sur quelque page de bande-dessinée vaguement sud-américaine : misère de moi. J'aurais pu me lasser, mais j'y avais trouvé de la force par le mystérieux ressort de la ténacité scientifique, cette inépuisable source d'énergie ayant alimenté, d'Einstein à Curie, de Descartes à Newton, de Copernic à Galilée, tant de formidables vaisseaux que les assistantes sociales continuent pourtant de pointer du doigt en les nommant obsessions. D'où le transit de nos chercheurs vers de plus favorables tropiques. Mais pour ma part, j'avais décidé d'en finir avec le système. D'en finir une bonne fois. Et croyez-moi ou non, mais on n'arrête pas d'un simple claquement de doigts une stratégie fomentée sur plus de trente ans, et sur tous les continents. Et si, d'ici là, quelqu'un s'occupait de sauver le monde, de mon côté je replacerais la science au cœur des affaires de l'État, et non plus en ultime recours (quand ce n'était pas pour porter le chapeau). Non, moi ils ne m'auraient pas : si je pouvais au passage capter ne serait-ce qu'un centième du savoir du poisson, je trouverais bien le moyen de le faire savoir, de le transmettre, et ce serait un tel bond dans la connaissance qu'en mettre en œuvre les applications nous prendrait probablement plus d'un siècle. Un tel élan vers la lumière qu'il ferait définitivement reconnaître la valeur de mon jugement, et plus sûrement que si je n'avais inventé l'eau.
Or c'est le feu qui, cette fois, me sauva. Le feu de la terre qui avait fait jaillir il y a plusieurs milliers d'années sur le flanc du mont Tariq, ou rocher de Gibratar, au cœur même de la fosse que le poisson avait choisie pour me piéger, un océan de lave propre à fondre la roche pour mieux la reconstruire. Le feu qui par ses effets bénéfiques allait tardivement me donner l'occasion d'inaugurer ma plus récente technologie portable, déployée en vue, évidemment, d'une chasse au poisson que je ne pouvais concevoir autrement que victorieuse, et pour laquelle je n'avais pas ménagé ma peine, pour laquelle je n'avais pas lésiné sur l'effort, pour laquelle je n'avais pas remballé mon audace, en aucune manière. Non, une chasse dont j'étais bien certain qu'elle serait mémorable, et pour laquelle j'avais consciencieusement mis au point l'Ouverture des Eaux.

Car de fait une première éruption avait ouvert le flanc de la montagne, une seconde l'avait épanouie en en faisant rayonner du centre tunnels et travées, mais une troisième avait refermé le tout comme une huître que j'identifiai bientôt comme une perle, à l'exception d'une unique ouverture : un boyau de près de cent mètres que j'avais dés l'abord repèré.

Et lorsque mes efforts de déduction d'une puissance accrue par l'absorption irraisonnnée que j'étais contraint de faire de pilules B52 en vinrent à corroborer les résultats des calculs statistiques du Triton, mon ordinateur de bord, je sus, je sus comme je vous vois que le Poisson m'avait joué un tour mais qu'il était de nature séquentielle car lui-même l'était, et que c'était même sa raison d'être et le pur ADN de tout son programme : le transport de séquences.

Je n'avais plus qu'à attendre. Mais que faire de ce temps que j'estimai à plusieurs jours sinon me fabriquer un abri sur la Lune, ou plus judicieusement : sous la mer De longs et patients calculs avaient été nécessaires pour me persuader de ce que l'impossible ne l'était pas, puis le Réducteur était né : une simple coupe inoxydable en forme de radar montée sur un boîtier et vouée toute entière au reflux du sel, donc de l'eau de mer, celle-ci ne pouvant s'évaporer en profondeur ni se dissocier d'aucune autre manière de son partenaire marin ou océanique, la cristallisation étant empêchée par la densité même des deux éléments en présence, sel et eau, et de toute façon interdite par la nature et la fréquence d'émission du Réducteur. Nous y reviendrons, car pour l'heure le tour était joué : le Passage de la Mer Rouge ne serait dorénavant plus qu'un précédent notable, quoique sujet à caution, quand j'allais pour ma part me fabriquer une bulle d'air permanente et tangible par trois mille mètres de fond, qui plus est abritée par la plus charmante grotte volcanique qui fut jamais, et bien au chaud.





À SUIVRE...




48 # PETIT ALBUM DE CHARLIE

47 # PHILOSONDE : De quoi ça parle ou La parole est thêâtre / Réflexion au fil de l'oméga avant Grand Retour aux Abysses


Au bout du compte, on s'aperçoit qu'il est aussi facile que difficile de juger un texte, comme ça l'est de juger quelqu'un, ce qui ne veut presque rien dire mais c'est justement le presque dont je voudrais parler. Il y a des extrêmes relativement cernables. Je pense à Céline. Louis-Ferdinand de son prénom d'archiduc. Le type même d'auteur, pour ma modeste part, qui franchit la ligne jaune, sinon l'étoile. Recalé. Allez donc vivre quelques vies en enfer et revenez causer. N'en déplaise au style, n'en déplaise à Djian, que je vénère, et qui lui-même encense cet écrivain que je ne peux tout simplement pas lire tant je déteste les scènes-de-crime. Personne n'est parfait. En-dehors de cela c'est moins net, moins tranché, c'est surtout moins discernable et cela peut parfaitement participer de la méthode. Par-là j'entends, n'ayant pas le temps de relire Descartes ce soir ni le courage, j'entends certes mais ce n'est pas encore très clair. Le questionnement au fil du dialogue était la pure méthode de Socrate. Très identifiée, cette manière si fine de présenter les choses, la forme, validait en partie le fond par la qualité du travail commis. Mais qu'en est-il d'autres recours, je pense à la provocation ou au pamphlet. De quoi ça parle, oui. Mais prenons un raccourci : qui écrit ? Et par conséquent, comment écrit-il, de quelle manière et dans quel but. Écrit-il pour être compris, bien compris, cerné, prouvé, authentifié. Écrit-il pour obtenir un peu de tendresse en retour. Écrit-il pour dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Écrit-il pour dire le contraire. Écrit-il parce que faire couler l'encre, c'est moins rouge mais ça dure plus longtemps que le sang. Écrit-il pour se venger, se réduire, se grandir, passer le temps, changer le monde, faire du beurre, que sais-je. Et dans la plupart des cas, ça ne me regarde pas. Mais dans certains autres, je m'interroge, et je me dis que les meilleurs auteurs sont encore ceux qui font le plus mal. C'est comme ça. C'est la vie. Manipuler, certainement pas. Faire réagir, ô que oui.

46 # TRAVAIL DE L'OMBRE

dimanche 26 avril 2015

44 # PHILOSONDE : le compte-à-rebours




Les espèces ne craignant pas la prédation sont extrêmement destructrices pour l'environnement à l'exception, peut-être,  du requin et de la contre-culture (pour ceux qui douteraient de ce que l'anarchie est une espèce dominante, mon témoignage de ce qu'en toute une vie de gentilhomme, je n'ai nullement le sentiment d'avoir jamais été dominé par la flicaille), l'éco-système qu'elles investissent prenant vite des allures appauvries d'égo-système ou de mono-système. Mais à la différence des maîtres de la mer, celui de la terre, Homo-Sapiens, semble fort heureusement entré dans une phase d'auto-destruction qui devrait à terme libérer de sa présence meurtrière la surface encore émergente des continents  : ouf, respirons... quoique très, très, TRÈS difficilement.





samedi 25 avril 2015

mercredi 22 avril 2015

42 # POISSON-FEUILLETON # Carte postale en eaux profondes



    Ça, c'était la semaine dernière, un peu avant mon importante découverte (ce fichu rapport à dicter) : à 600m de la surface, toute la magnificence d'une grâce infinie mêlée d'énigme et d'enfance, 
la danse lunaire du cachalot :



Maintenant, je suis à plus du double de profondeur : aucun signal lumineux ne vient plus exciter mes rétines, hormis de rares phosphorescences hélas excessivement furtives. De plus, mes capteurs affichent des turbulences que je parviens même à discerner par un léger bourdonnement sur l'intérieur de la coque. Plus rien à voir, plus rien à montrer : je navigue à l'écran rayonnant, ayant de surcroît réglé l'auto-guide sur la fréquence électro-magnétique heureusement rarissime du poisson. J'ai devant moi plusieurs jours de pente douce avant d'arriver à la zone ou, comme je le suppose, il devrait établir son campement pour l'été. Une belle occasion de l'observer en perspective, d'où l'économie d'énergie à laquelle je m'astreins, et, pourquoi pas (on peut rêver), de le capturer pour analyse. En attendant, pas mal de paperasse à dicter, et du bricolage également : j'ai l'impression que quelque chose ne tourne pas rond dans la compression d'air. Mais ce n'est pas la première fois que je viens dans le coin : j'y ai repéré plusieurs grottes sous-marines praticables et j'y ferai peut-être un saut. Et puis je dois visioconférencer l'anniversaire de ma petite nièce, et à cette occasion je leur ai promis à tous d'enregistrer une chanson. La préférée du vieux parce qu'à les entendre, il vivrait ses derniers jours. Moi, je veux bien. J'ai quand même vu disparaître plusieurs générations d'acteurs depuis le début des alertes. Quelle connerie. Chanter I'm Singing In The Rain à cette profondeur, si c'est pas de la démence ça y mène.





41 # MAUVAISE FARCE





D'une espèce pouvant mesurer jusqu'à 9m, celui n'en mesurait que 3 et vivait par 900m de fond. Croyez-vous que cela ait fait reculer le magnétique poisson : des clous.