lundi 11 mai 2015

52 # LA NASA MISE TOUT SUR LE POISSON




" C'est l'un des projets étonnants que la Nasa va financer cette année dans le cadre de ses subventions aux "concepts innovants avancés" dans le domaine de l'exploration spatiale.


Après Mars, Pluton et Cérès, les destinations probables des futures générations de sondes-robots devraient avoir un élément en commun : posséder un océan. Vu que la vie terrestre s'est d'abord développée dans l'eau, les milieux aquatiques extraterrestres seraient en toute logique un bon endroit pour chercher des traces d'activité biologique. Pas question pourtant d'envoyer l'équivalent des robots martiens Curiosity ou Opportunity : rouler sur une surface glacée ne suffirait pas. Pour chercher les organismes vivants, il faudra que les futures sondes soient capables de se mouiller...

Biomimétisme et énergies renouvelables : la sonde écolo ?

La Nasa, qui a souvent le don de dénicher les projets futuristes qui pourraient avoir de l'avenir, vient de trouver une petite pépite dans le genre : une sonde-robot qui ressemble à un calmar, et dont le fonctionnement s'inspire du vivant (biomimétisme).
Le concept, emmené par Mason Peck, professeur à l'université Cornell (USA), consiste en une sonde amphibie, capable donc de se déplacer à la fois sur une surface solide et dans l'eau. Comme il est hors de question de l'alimenter par des batteries, susceptibles de s'épuiser rapidement, ou par des panneaux solaires inefficaces pour un sous-marin, ce "calmar cyborg" ferait appel à une source d'énergie originale : il serait muni d'un câble conducteur qui récolterait l'énergie electro-magnétique émise... par les changements dans le champ magnétique de la planète (ou lune).
Un fil conducteur se déplaçant dans un champ magnétique va en effet recevoir un courant induit, et un système de récupération de cette énergie a déjà été testé en orbite terrestre. Or, autour de Jupiter, par exemple, le champ magnétique peut être 10.000 fois supérieur à celui que l'on enregistre sur Terre. De quoi suffire aux besoins du "calmar".
Cette électricité alimenterait les divers systèmes de bord, mais aussi une mini-usine d'électrolyse, transformant l'eau en un mélange d'hydrogène et d'oxygène. Ces gaz, récupérés à l'intérieur de la sonde, pourraient alors être utilisés pour des systèmes pneumatiques animant certaines parties de l'engin. Ils pourraient également être enflammés dans des réservoirs internes, provoquant des modifications de la forme du robot... et le propulsant dans l'eau, en utilisant un système proche de celui de certains céphalopodes (comme les pieuvres) qui expulsent le liquide en contractant les muscles de leur manteau.
La peau de cette "bio-sonde" aurait aussi des propriétés inspirées du vivant : elle serait extensible, et même électroluminescente afin d'éclairer le milieu marin traversé. De quoi faire de beaux selfies sous-marins.

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Chercher la vie autour de Jupiter et Saturne

Pourquoi se focaliser ainsi sur les océans lointains ? Les dernières découvertes en date montrent que les lunes des géantes gazeuses Jupiter et Saturne pourraient avoir davantage de chances d'héberger une vie extraterrestre que la planète Mars, et ce même si elles se situent théoriquement en-dehors de la "zone habitable" ou l'eau peut exister à l'état liquide en surface.
L'effet de marée exercé par les planètes géantes a pour conséquence un réchauffement intérieur de leurs lunes. Celles-ci peuvent donc avoir une activité volcanique, comme Io, le satellite de Jupiter. Mieux encore, trois de ces lunes attirent plus particulièrement l'attention par la présence d'étendues aquatiques sous leur surface, et des conditions qui pourraient être compatibles avec l'apparition de formes de vie similaires à celles que l'on connaît dans certains endroits de la Terre.
  • En première position, Europe. La lune de Jupiter est une cible annoncée, au moins pour les agences spatiales européenne et américaine. De la taille de notre Lune, elle posséderait davantage d'eau salée qu'il y en a à la surface de la Terre, et aurait également une activité géologique. Certains indices laissent penser qu'il y a de la vie, et certains chercheurs n'hésitent pas à théoriser qu'on pourrait y trouver des espèces de gros poissons !
  • Toujours autour de Jupiter, la plus grosse lune du système solaire, Ganymède, posséderait également un imposant océan d'eau salée.
  • Autour de Saturne, on pense bien entendu à Titan et ses mers de méthane, mais une autre lune a récemment retenu l'attention des scientifiques : Encelade et son océan de dix kilomètres de profondeur, associé à une activité géothermique.

Une subvention de 100.000 dollars

Chaque année, au travers de son programme NIAC (Nasa's Innovative Advanced Concepts), la Nasa subventionne des projets innovants, parfois futuristes ou même surprenants, mais qui pourraient demain permettre de faire avancer l'exploration spatiale. C'est dans ce cadre que s'était récemment distingué une étude de sous-marin destiné à explorer les mers de méthane de Titan.
Pour 2015, 15 projets viennent d'être sélectionnés pour la phase 1 de ce programme, dont celui de "robot-calmar", et vont donc recevoir une subvention de 100.000 dollars afin de poursuivre le développement de leurs concepts... et peut-être ensuite postuler à la phase 2 pour financer la suite avec cette fois un budget de 500.000 dollars. Bien sûr, ce projet n'est pas pour tout de suite. Mais, sait-on jamais, la Nasa pourrait envoyer une mission vers Europe à partir du milieu des années 2020. Avec un calmar-robot à bord ?