dimanche 23 août 2015

92 # MALPERTUIS ou Le Livre de Sable...

" Pourtant, dans les sagittaires de la pièce d'eau centrale habite un râle haut sur pattes qui, de temps à autre, fait marcher sa lime à froid et, par temps gris, les pluviers guignards pleurent au fond du ciel. "

MALPERTUIS. De Jean Ray... dont il me semble qu'il fit partie, de ma quinzième à ma dix-septième année, des dizaines d'auteurs voués à l'imaginaire dont j'ai pu dévorer les ouvrages, ou non-ouvrages parfois... mais je n'en suis pas certain... ce qui ajoute au piment... MALPERTUIS : le labyrinthe aux pages sans fin dont Borgès avait si finement rêvé m'est tombé dessus comme ça, un beau jour, sans crier gare, en J'AI LU 190 pages... comment aurais-je pu deviner... quel livre m'aura envoûté, ensorcelé comme celui-là, que je ne pourrai probablement jamais finir... nul tapis rouge, ou vert, ne m'avait prévenu de ce qu'on allait m'évoquer la nature verdoyante comme seuls Hesse ou Colette, à ma connaissance, avaient su le faire auparavant, Lawrence, lui, ayant surtout excellé à décrire les matières mortes du désert. Nul insigne particulier n'aurait pu me faire supposer que j'allais être confronté, grands dieux, à une telle richesse de langage que pour m'en extraire, ma foi, j'ai peine à penser tant la fatigue s'installe en moi... nulle aura particulière n'avait su m'avertir -et c'est là le plus terrible, là ce qui me fait supposer que ce livre entre tous, c'est-à-dire, mais je me répète, entre plusieurs milliers, celui-là seul, seul celui-là est HANTÉ... car, oui, je me répète à nouveau, c'est le gel de l'esprit dont on sait bien que le démon commence par là, nulle aura n'avait su m'avertir... qu'après et mieux que Lovecraft installant comme le ninja son venin des non-âmes dans des décors impavides et obscènes, quelqu'un, qui plus est un défunt, allait me forcer tel Maupassant que j'avais déjà fui, mais plus superbement, à contempler d'énormes âmes dévorantes aux dimensions de montagne dont la lenteur même, la science et l'assurance véritablement démoniaques allaient moi-même me ralentir, puis m'arrêter, perdu dans le labyrinthe des âmes grandioses, dans la vallée de l'impossible agencement, transi d'effroi devant ce miroir séculier au tain de marqueterie dentaire que pour rien au monde je n'aurais jamais voulu contempler : AU SECOURS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!