jeudi 30 avril 2015

47 # PHILOSONDE : De quoi ça parle ou La parole est thêâtre / Réflexion au fil de l'oméga avant Grand Retour aux Abysses


Au bout du compte, on s'aperçoit qu'il est aussi facile que difficile de juger un texte, comme ça l'est de juger quelqu'un, ce qui ne veut presque rien dire mais c'est justement le presque dont je voudrais parler. Il y a des extrêmes relativement cernables. Je pense à Céline. Louis-Ferdinand de son prénom d'archiduc. Le type même d'auteur, pour ma modeste part, qui franchit la ligne jaune, sinon l'étoile. Recalé. Allez donc vivre quelques vies en enfer et revenez causer. N'en déplaise au style, n'en déplaise à Djian, que je vénère, et qui lui-même encense cet écrivain que je ne peux tout simplement pas lire tant je déteste les scènes-de-crime. Personne n'est parfait. En-dehors de cela c'est moins net, moins tranché, c'est surtout moins discernable et cela peut parfaitement participer de la méthode. Par-là j'entends, n'ayant pas le temps de relire Descartes ce soir ni le courage, j'entends certes mais ce n'est pas encore très clair. Le questionnement au fil du dialogue était la pure méthode de Socrate. Très identifiée, cette manière si fine de présenter les choses, la forme, validait en partie le fond par la qualité du travail commis. Mais qu'en est-il d'autres recours, je pense à la provocation ou au pamphlet. De quoi ça parle, oui. Mais prenons un raccourci : qui écrit ? Et par conséquent, comment écrit-il, de quelle manière et dans quel but. Écrit-il pour être compris, bien compris, cerné, prouvé, authentifié. Écrit-il pour obtenir un peu de tendresse en retour. Écrit-il pour dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Écrit-il pour dire le contraire. Écrit-il parce que faire couler l'encre, c'est moins rouge mais ça dure plus longtemps que le sang. Écrit-il pour se venger, se réduire, se grandir, passer le temps, changer le monde, faire du beurre, que sais-je. Et dans la plupart des cas, ça ne me regarde pas. Mais dans certains autres, je m'interroge, et je me dis que les meilleurs auteurs sont encore ceux qui font le plus mal. C'est comme ça. C'est la vie. Manipuler, certainement pas. Faire réagir, ô que oui.